Les actionnaires de Tesla à Elon Musk : « Reprenez votre poste à plein temps »

Le retour au bureau à temps plein est devenu la hantise de nombreux travailleurs en télétravail. Mais que se passe-t-il lorsque c’est le patron lui-même qui semble ne jamais être là ? Chez Tesla, ce sont désormais les actionnaires qui tirent la sonnette d’alarme.
Un groupe d’investisseurs de Tesla en a assez des escapades politiques d’Elon Musk à travers le monde. Ils ne s’intéressent ni à ses croisades contre le « virus woke », ni à ses ambitions pour réformer les gouvernements, ni à la plateforme X. Ce qu’ils veulent, c’est un PDG pleinement engagé au sein de l’entreprise, surtout dans une période aussi délicate. C’est ce que révèle une enquête publiée aujourd’hui par The Washington Post.
Selon le journal, le groupe d’investissement SOC Investment Group, représentant environ 7,9 millions d’actions sur les 3,22 milliards en circulation, a adressé une lettre à Robyn Denholm, présidente du conseil d’administration de Tesla. Dans ce courrier, ils demandent formellement qu’Elon Musk consacre au moins 40 heures par semaine à l’entreprise, comme n’importe quel dirigeant à plein temps.
Leur frustration est compréhensible. Musk semble accorder bien plus d’attention à ses opinions politiques ou à ses investissements dans des cryptomonnaies comme le Dogecoin qu’à Tesla. Et ce, malgré les multiples difficultés que traverse le constructeur : chute des bénéfices, baisse de la demande, risques politiques accrus, et menaces sur les crédits d’impôt pour véhicules électriques aux États-Unis. À cela s’ajoutent de nouveaux droits de douane sur les pièces importées, ce qui pourrait alourdir encore le prix des voitures Tesla.
Certains espéraient que le restylage du Model Y relancerait l’intérêt pour la marque. Mais cette stratégie semble avoir échoué. La production tourne à plein régime, mais le problème ne venait pas de là : la demande, jadis un point fort de Tesla, est désormais en déclin.
L’heure est grave. Les modèles phares de la marque – la berline et le SUV – sont si vieillissants qu’ils sont progressivement retirés de certains marchés. La nouvelle voiture censée porter l’image de la marque divise profondément. Les modèles grand public reposent toujours sur une architecture datant de 2017, ce qui les rend bien moins compétitifs face à une concurrence de plus en plus innovante. En Chine, les ventes piétinent, et en Europe, la marque perd clairement de sa popularité.
Toute la stratégie optimiste de Tesla repose désormais sur l’arrivée tant attendue de la conduite autonome complète. Un projet que Musk promet depuis bientôt dix ans. Depuis 2016, il affirme que cette technologie est « imminente », mais elle reste toujours hors de portée. Face au scepticisme croissant des investisseurs, il renouvelle une fois encore sa promesse : le lancement d’un service de robotaxi débutera à Austin le 12 juin prochain, dans un périmètre restreint.