Investissements fédéraux dans l’agriculture américaine : entre conservation de l’eau et développement coopératif

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Le gouvernement américain déploie des stratégies financières ciblées pour répondre aux défis majeurs auxquels est confronté son secteur agricole, de la gestion des ressources hydriques à la résilience économique des zones rurales. Deux annonces récentes illustrent cette approche : une étude soulignant l’efficacité des paiements directs aux agriculteurs pour économiser l’eau du fleuve Colorado, et l’allocation de 4,2 millions de dollars pour soutenir le développement des coopératives rurales.

Payer les agriculteurs, une stratégie gagnante pour le fleuve Colorado

Face à la diminution critique des réserves d’eau du fleuve Colorado, une nouvelle étude révèle que la méthode la plus rentable et la plus rapide pour préserver cette ressource vitale est d’inciter financièrement les agriculteurs à réduire leur consommation. Publiée dans le Journal of the American Water Resources Association, cette analyse menée par l’Université de Californie à Riverside et le Utah Rivers Council a examiné 462 projets fédéraux financés à hauteur d’un milliard de dollars entre 2004 et 2024.

Le constat est sans appel : l’agriculture, qui consomme environ 80 % de l’eau du fleuve, représente le levier d’action le plus efficace. Les programmes de conservation agricole ont permis d’économiser de l’eau à un coût moyen de 417 paracre−pied,avecdesplanchersaˋseulement69,89. En comparaison, les projets d’infrastructures locales comme les réservoirs ou les usines de traitement des eaux usées coûtent en moyenne plus de 2 400 $ pour un résultat équivalent. Un acre-pied correspond au volume d’eau nécessaire pour couvrir un acre de terre (environ 4 000 m²) sur une hauteur d’un pied (environ 30 cm), soit près de 1,23 million de litres.

Des programmes ciblés et efficaces

L’étude met en avant le succès des programmes basés sur des incitations financières. Par exemple, payer les agriculteurs pour qu’ils laissent temporairement leurs champs en jachère, notamment pour des cultures très gourmandes en eau comme la luzerne, a permis d’économiser en moyenne 17 500 acre-pieds par an pour un coût d’environ 193 $ par acre-pied. D’autres initiatives, comme le financement de la transition de l’irrigation par inondation vers des méthodes de précision (goutte-à-goutte, aspersion), ont également démontré une grande efficacité.

Ces projets, souvent à court terme (trois ans en moyenne), ont été largement financés par l’Inflation Reduction Act de l’administration Biden, qui a permis de doubler les volumes d’eau économisés dans le secteur agricole.

Le recyclage de l’eau, une autre piste sous-exploitée

Bien que plus coûteuses à la construction, les usines de traitement et de recyclage des eaux usées se révèlent également très rentables sur le long terme. Avec un coût moyen de 385 $ par acre-pied et une durée de vie bien plus longue, elles représentent une solution durable. Pourtant, seulement 7 % des fonds fédéraux de conservation de l’eau ont été alloués à ces projets, principalement en Californie.

4,2 millions de dollars pour dynamiser les coopératives rurales

Parallèlement à ces efforts de gestion de l’eau, le Département de l’Agriculture des États-Unis (USDA) a annoncé l’octroi de 4,2 millions de dollars pour l’année fiscale 2025 via son programme de subventions pour le développement des coopératives rurales (RCDG). Ce financement vise à soutenir des centres de développement, gérés par des organisations à but non lucratif ou des établissements d’enseignement supérieur, qui aident à la création, à l’expansion ou à l’amélioration de coopératives en milieu rural.

Un programme fédéral historique et défendu par le secteur

Lancé au début des années 1990 dans le cadre du « Farm Bill », le programme RCDG est un pilier du soutien fédéral au modèle coopératif. L’annonce de ce financement, intervenue juste avant la date limite du 30 septembre et dans un contexte de menaces de blocage budgétaire (« government shutdown »), a été accueillie avec soulagement par le secteur. Des organisations comme la National Cooperative Business Association (NCBA Clusa) avaient mené un intense plaidoyer pour assurer la continuité de ce programme essentiel à la vitalité économique des campagnes américaines.

Ces deux exemples, bien que distincts, révèlent une orientation claire de la politique agricole fédérale : privilégier des investissements ciblés et mesurables pour répondre aux défis climatiques et économiques, en s’appuyant directement sur les acteurs locaux, qu’il s’agisse d’agriculteurs individuels ou de structures coopératives.

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